
Logistique
Le départ se fait depuis chez nous à Paris, l’idée est simple mais a son importance pour plusieurs raisons. D’abord, parce que partir de chez soi c’est déjà découvrir, partir à l’aventure. Ensuite, il n’y a pas de point d’arrivée puisque le but est de suivre une direction, un cap. Donc le point de départ est naturellement celui où l’on se trouve. Enfin, dans le cadre de l’expédition, cela n’a pas de sens de partir d’un autre point arbitraire qui nous ferait prendre l’avion ou un autre moyen de transport motorisé. En suivant ce cap, on décide d’emprunter les routes européennes de cyclotourisme appelées Eurovélo.
Le campement s’organise sous forme de bivouac simple et efficace pour rejoindre un mode de voyage itinérant. Cela s’inscrit dans une volonté de voyager léger, en installant uniquement ce dont on a besoin pour se nourrir et dormir pour repartir rapidement et sans laisser de traces.
Nous partons à vélo pour des journées prévus d’environ 80km. Avec 4400km pour rejoindre le nord de la Norvège, cela implique 55 jours de vélo. En comptant un jour de marge par semaine incluant repos, problème technique éventuel, et divers retards, nous comptons ainsi 63 jours. Cependant, nous pr´parons un film documentaire ce qui nous amènera à nous arrêter pour divers tournages. Les rencontres, prévues ou non et les prises de vues nécessaires au film ajoutent un temps non définissable à l’avance pour chaque jour. Ainsi 80 km par jour est une moyenne qui prend en compte tous ces paramètres.
Dans le cadre du film documentaire, Antonin (notre support logistique depuis la France) a un impact précis sur notre itinéraire. Afin de créer des rencontres avec des personnes ayant lien avec le Voyage, il est en charge de prendre contact et de préparer une rencontre entre Aurèle et Gabriel et les personnages qui incarneront les différents aspects du voyage dans le film. Ce travail d’Antonin est indépendant des deux cyclistes qui n’auront comme information sur leur rencontre qu’une position gps. L’idée est de provoquer une discussion sans a priori entre trois voyageurs.
Le point demandant une organisation logistique conséquente reste l’acheminement des deux kayaks de mer (5m30) de France jusqu’à Longyearbyen, Svalbard. Cela nécessite d’envoyer les kayaks par colis et pour un volume aussi important de réserver une place sur un bateau cargo. Cependant, cette solution est rare, coûteuse, polluante et surtout ne correspond pas du tout à nos convictions personnelles d’expédition. Nous cherchons donc une autre solution et éventuellement un partenariat pour un convoyage plus respectueux de l’environnement et de notre expédition.
Cette expédition prends place en Europe et ainsi ne demande pas pour nous, citoyens français, de mesures administratives particulières. Cependant, même si l’archipel du Svalbard appartient au Royaume de Norvège, ce territoire reste soumis à des formalités administratives spécifiques. En effet, il ne fait pas parti de l’espace Schengen. Il est nécessaire de monter un dossier administratif qui doit être soumis à l’approbation du gouverneur du Svalbard. L’accès le plus commun à ce territoire reste l’avion mais pour l’expédition nous ne souhaitons pas emprunter ce moyen de transport. Nous traverserons depuis Tromsø à l’aide d’un bateau de transport de marchandise de ravitaillement ou un bateau de plaisance qui nous acceptera à bord.
Au Spitzberg nous évoluons en kayak de mer naviguant sur les fjords droit vers le Nord. Sur notre chemin cependant nous devons traverser 22km de terre ferme entre le Billefjorden et le Austfjorden. On utilise alors des chariots de transport robustes que l’on aura fabriqué au préalable. Nous prévoyons donc un baudrier pour nous aider à tracter les kayaks ainsi que des crampons et deux piolets car nous risquons de croiser des neiges éternelles. Nous estimons le trajet total au Spitzberg à une dizaine d’étapes pour atteindre Verlegenhukken, au delà du 80°N.
Le principal danger de ce territoire pour nous est l’ours polaire. La réglementation en vigueur impose à chaque groupe de visiteur d’être en possession de moyens de protection en cas d’attaque d’ours. Nous campons tous les soirs sur les berges des fjords, nous devons donc protéger notre campement de diverses manières. Nous prévoyons ainsi une clôture reliée un système de déclenchement de fusée lumineuse. En cas d’approche, l’ours, en franchissant la clôture, tire le fil et retire la goupille du déclencheur. La fusée produit le bruit et la lumière nécessaire pour surprendre l’animal et le faire fuir. En cas d’attaque, nous utilisons d’abord les fusées, puis lefusil. D’abord pour tirer au sol et effrayer l’ours, et en dernier recours pour l’arrêter.
Pour la réalisation du film documentaire, nous devons gérer le stockage des images tournées. Pour cela, nous enverrons régulièrement les disques durs pleins à Antonin par voie postale. Une fois reçu, il effectuera une copie. Ainsi nous protégeons les rushs et assurons la réalisation du film.
Dès lors que nous mettrons cap au sud, le voyage prends fin. Même si nous empruntons un chemin plus libre au retour qu’à l’aller, nous prenons le parti de ne pas revenir en avion. En utilisant le même budget qu’un billet d’avion, nous rentrerons en vélo et en train, notamment avec le programme européen Interrail.